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MÉTHODES MIXTES ET QUALITATIVES DE ONE HEALTH

4.12

Histoire de la transdisciplinarité

Dans la vidéo de l’étape précédente, nous avons vu que la recherche transdisciplinaire se fait souvent dans le cadre de processus itératifs et de stratégies de recherche et d’action en forme de “tire-bouchon”. Cela explique sans aucun doute l’incertitude des connaissances dont on traite, en particulier au début d’un programme sur un problème concret.

Vous pouvez voir le nombre croissant de publications sur la recherche transdisciplinaire au cours des 50 dernières années dans le graphique ci-dessous.

Graphique illustrant le nombre croissant d'études ayant recours à une approche transdisciplinaire

Nombre de publications sur la transdisciplinarité Recherche du 16 janvier 2015 sur www.transdisciplinarity.ch.

© www.transdisciplinarity.ch


Pohl et Hirsch Hadorn (2007) ont résumé les principales caractéristiques et les principes de la transdisciplinarité de la manière suivante :

  • Collaboration entre chercheurs disciplinaires et acteurs du monde de la vie.

  • Contribution à une connaissance approfondie de la question (expérience pratique, modèles scientifiques, résultats) et approches (par exemple recherche-action).

  • Avoir un point de départ qui n’est pas un paradigme disciplinaire spécifique, mais un problème socialement pertinent (par exemple, violence, faim, pauvreté, maladie, santé, pollution de l’environnement).

La recherche transdisciplinaire est façonnée par divers courants de pensée et possède différentes définitions. Les sciences post-normales constituent des approches analogues à la transdisciplinarité ; Science of Team Science en Amérique du Nord, Integration and Implementation Sciences en Australie et Public Engagement en Europe et ailleurs. Elles reconnaissent toutes la nécessité d’intégrer les disciplines, de faire participer la société civile et de reconnaître qu’une question politique est liée à la complexité et à l’incertitude.


En Europe, les événements majeurs conduisant à la transdisciplinarité telle que définie par les Académies suisses des arts et des sciences sont les suivants :

  • Les observations comme seule source de connaissances (concept du « positivisme »).

  • La dissociation des sciences naturelles de la philosophie aux XVIIème et XVIIIème siècles. Les sciences naturelles concernées par les lois empiriques et les cadres expérimentaux.

  • L’émergence, au XIXème siècle, de la science de la société (sociologie). Elle a développé le paradigme herméneutique pour comprendre les idéaux culturels et donner un sens aux phénomènes sociaux et culturels. Alors que les sciences naturelles cherchent des explications, la sociologie cherche un sens, notamment lors des crises sociales du capitalisme, de l’urbanisation ou de la sécularisation, lorsqu‘il s’agit de trouver des solutions pratiques.

  • La crainte croissante que la fragmentation progressive des sciences ne puisse plus expliquer des situations complexes ou reconnaître des phénomènes émergents. Cela a conduit au développement d’études théoriques des systèmes et d’une réflexion multidisciplinaire et interdisciplinaire.

  • Dans la seconde moitié du 20ème siècle, la croissance démographique rapide a conduit à des crises des ressources naturelles et des interactions complexes d’une “société du risque”. La perception du risque majeur que la spécialisation ne puisse pas reconnaître les éventuels effets secondaires négatifs pour la civilisation moderne a été encouragée. La société civile, le secteur privé et les agences publiques doivent également participer à la recherche.

  • Les sciences sociales et humaines se sont impliquées dans des activités telles que l’évaluation des technologies et les comités d’éthique des technologies moralement sensibles.

  • Mittelstrass (1992) définit la transdisciplinarité comme une forme de recherche qui transcende les frontières disciplinaires pour aborder et résoudre les problèmes liés au monde de la vie. Grâce au dialogue et à l’apprentissage mutuel des scientifiques avec les parties prenantes de la société, la science fait partie intégrante des processus sociétaux, en apportant des valeurs et des normes explicites et négociables dans la société et la science, et en donnant un sens au savoir pour résoudre les problèmes sociétaux.




Références (en anglais)

Hirsch Hadorn, G. et al. (2008). The Emergence of Transdisciplinarity as a Form of Research, in: Hirsch Hadorn, G. et al. (Eds.). Handbook of Transdisciplinary Research, Heidelberg, Springer, 19-39.

Mittelstrass J. (1992). Auf dem Weg zur Transdisziplinarität, GAIA, 1(5): 250.

Lizenz

Université de Bâle