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MÉTHODES MIXTES ET QUALITATIVES DE ONE HEALTH

4.8

L'art de poser des questions

Il existe différents types d’entretiens. Ceux que nous présentons brièvement ici sont des entretiens informels conversationnels et formels semi-structurés. Dans la mesure du possible, les entretiens doivent être menés dans la langue maternelle des personnes interrogées.

Les entretiens conversationnels informels se produisent naturellement et les questions découlent de la situation et du contexte immédiats. Ils permettent une certaine souplesse dans la poursuite des sujets, quelle que soit la direction qui semble indiquée. La photo montre deux bactériologistes, préoccupés par l’augmentation des résistances aux antimicrobiens, et d’un petit éleveur de bétail qui possède un étang à poissons et un établissement d’élevage de poules pondeuses au Vietnam. Ils ont évoqué des événements tels que les pathologies animales, les fluctuations des prix du marché pour les œufs et le recours aux antimicrobiens pour la volaille et le poisson. Au cours de cette conversation informelle, l’éleveur a également mentionné les difficultés et les politiques contradictoires qui régulent le marché de la volaille. Un tel entretien informel est flexible et étroitement lié aux observations et à une situation particulière.

Cependant, la sélection des informateurs attribuable à une conjoncture Les données ne sont pas systématiquement collectées, ce qui peut engendrer des partis pris et des données difficiles à organiser et à analyser. Le parti pris peut provenir de la personne interrogée, comme une mauvaise compréhension de l’objectif de l’entretien, un parti pris de courtoisie ou un agenda caché. Le parti pris peut également provenir de l’enquêteur en raison de la tenue vestimentaire ou de l’apparence, de questions suggestives et de la volonté d’aider la personne interrogée.

Image d'une conversation informelle de deux bactériologistes et d'un petit éleveur au Vietnam.

Une conversation informelle

© Swiss TPH (E. Schelling)

Les entretiens semi-structurés permettent d’établir une communication correspondant à une conversation d’échange ciblé. Le déroulé de l’entretien est préparé à l’avance et fournit un cadre pour ce dernier (par exemple, les catégories de sondage sont définies). Cependant, l’enquêteur est libre d’explorer au-delà du déroulé d’entretien. La plupart du temps l’entretien est enregistré (notes, bande ou vidéo), transcrit et analysé conformément aux techniques conventionnelles d’analyse qualitative. L’enregistrement permet de conserver des réponses détaillées qui peuvent être relues ou réentendues et permet une seconde analyse des données avec un objectif différent.

En résumé, les bénéfices d’un entretien semi-structuré sont de sonder un domaine d’intérêt et de poser des questions similaires à plusieurs informateurs clés, ce qui permet de recueillir des données riches et détaillées. Les inconvénients sont les mêmes que pour l’entretien informel : manque d’objectivité du chercheur, de l’informateur et difficulté à comparer les éléments.

** La qualité de l’information ** dépend en grande partie des compétences de l’enquêteur à poser des questions. S’il n’existe pas de confiance, d’intérêt commun ou d’empathie avec l’interlocuteur, il semble difficile d’obtenir de bonnes informations. Ces liens peuvent être établis, par exemple, en mettant l’accent sur le point de vue du participant, de sorte qu’un enquêteur montre qu’il tient compte des opinions du participant. En fait, le participant est l’expert. Un bon enquêteur est un auditeur engagé qui ajuste son style au partenaire - et qui a une attitude neutre (Mack et al. 2005).

Avant de démarrer un entretien, l’enquêteur doit prendre des dispositions spéciales permettant un cadre d’entretien privé et propice, on peut par exemple penser au transport des participants et leur préparer des rafraîchissements. Cela inclut la recherche d’un lieu privé pour le déroulement de l’entretien. Être un super enquêteur ne s’improvise pas. L’expérience professionnelle aide beaucoup à améliorer les compétences nécessaires à un entretien. Si vous êtes moins expérimenté, la liste ci-dessous vous sera probablement utile, mais une certaine pratique préalable semble être une bonne idée. Vous pouvez mettre en application des techniques d’entretien avec des amis et en faire un événement social récréatif, par exemple en interprétant ensemble des scénarios d’entretien et en répertoriant les points positifs d’un bon accueil ainsi que les choses à faire et à ne pas faire.


Les choses à faire pour mener de bons entretiens :

  • Commencer les entretiens par un salut amical et familier.

  • Écouter avec attention toutes les informations fournies par les personnes interrogées

  • Faire préciser les mots clés, les expressions et les termes à mesure qu’ils apparaissent au fil de la discussion.

  • Écouter les impressions, les sujets évités par l’informateur, les distorsions délibérées et les idées fausses ou les malentendus.

  • Assurer un flux naturel de conversation en orientant l’informateur d’un sujet à l’autre.

  • Laisser à la personne interrogée la possibilité de parler.

  • Être ouvert aux informations inattendues.


Choses à ne pas faire :

  • Éviter d’influencer les réponses à travers vos propres perceptions ou des questions orientées.

  • Éviter de passer trop rapidement d’un sujet à l’autre.

  • Éviter d’interrompre l’informateur.

  • Ne pas tromper les informateurs sur le sujet afin d’obtenir des informations.


Mener des entretiens et poser des questions est un art en toutes circonstances, y compris lors d’enquêtes quantitatives. Le principal message à retenir est le suivant : poser des questions impartiales - ou inversement : ne pas poser de questions orientées (ou suggestives). Ce sont des questions qui influencent l’enquêteur et introduisent un manque d’objectivité. Éviter les questions fermées (réponse par « oui » ou par « non ») Voici des exemples de questions orientées, contrairement aux questions impartiales :


Variantes de questions orientées (suggestives)

  • La plupart des gens sensés de cette communauté consultent un médecin après avoir été mordues par un chien inconnu, n’est-ce pas ?

  • Est-ce que l’une des raisons pour lesquelles vous avez consulté un médecin était de prévenir le risque de contracter la rage ?


Le même exemple formulé comme une question impartiale

J’ai entendu des gens de cette communauté dire que la plupart des gens sensés consultent un médecin après avoir été mordu par un chien inconnu, et d’autres disent qu’ils connaissent des gens sensés qui ne consultent pas de médecin dans ce cas. Qu’en pensez-vous ?


Questions utiles

  • Que voulez-vous dire quand vous dites… ?

  • Que pensez-vous de… ?

  • Comment est-ce arrivé ?

  • Quel est votre ressenti sur… ?

  • Qu’est-il arrivé à ce moment-là ?

  • Comment X vous a-t-il affecté ?

Avant de conclure un entretien, demandez aux personnes interrogées si elles ont quelque chose à ajouter et offrez-leur la possibilité de vous interroger sur ce qu’elles veulent ? Enfin, remerciez-les sincèrement.




Références (en anglais)

Mack et al. (2005). Qualitative Research Methods: A Data Collectors Field Guide, North Carolina, Family Health International.

Lizenz

Université de Bâle