MÉTHODES MIXTES ET QUALITATIVES DE ONE HEALTH

4.9

Qualité et quantité : ne pas penser "ceci ou cela", mais "quand et lequel"

Visualisez deux triangles, pris ensemble, ils forment un parallélogramme. Un triangle symbolise les résultats de la recherche qualitative, l’autre les résultats de la recherche quantitative.

Il y a quelque temps dans notre institut, un débat s’est formé sur la façon dont les études qualitatives (anthropologiques médicales) et quantitatives (épidémiologiques) sont liées. Chacun des groupes impliqués a interprété les deux triangles de manière légèrement différente.

Un triangle turquoise et un triangle orange qui forment ensemble un parallélogramme.

Deux triangles représentant les approches qualitatives et quantitatives

© Swiss TPH

Voici un exemple : les approches quantitatives sont représentées par le triangle dont le côté est orienté vers le haut, parce qu’elles produisent des résultats représentatifs et reproductibles, mais seulement avec des difficultés, elles fournissent des recommandations pour un contexte spécifique, orientant ainsi un angle vers le bas. En revanche, les approches qualitatives améliorent les connaissances sur ce qu’il faut faire dans un contexte donné, mais elles ne fournissent aucune information sur la transposition de ces résultats dans un contexte différent.

Les attributs généraux des méthodes quantitatives sont les suivants : comptabilisés, équations, lois générales (physiques) et haute validité externe. Les attributs des méthodes qualitatives sont les suivants : comprendre les perspectives et les expériences, avoir un aperçu des processus sociaux complexes et une validité interne élevée. On pourrait, bien sûr, attribuer de nombreux autres qualificatifs et différences aux méthodologies. Dans le cas de nos disciplines de santé, par exemple, alors que les approches quantitatives utilisent l’échantillonnage aléatoire, les approches qualitatives fonctionnent à la fois avec l’échantillonnage aléatoire et, plus souvent, avec l’échantillonnage ciblé.

Quant aux deux triangles « complémentaires », bien qu’ils aient des interprétations différentes, tout le monde s’accorde à dire que les deux triangles ensemble fournissent une image plus complète de ce qui se passe qu’un seul triangle. Par essence, tous les groupes de recherche interdisciplinaires le reconnaissent, de nos jours, les méthodes qualitatives et quantitatives sont souvent associées. La dimension du temps doit également être prise en compte car les sociétés sont dynamiques.

Les limites entre recherche quantitative et qualitative ne sont pas aussi nettes qu’il n’y paraît parfois (Bergman 2008). Nous avons besoin d’un grand choix de méthodes si nous voulons comprendre la complexité des soins de santé modernes et de One Health. Il ne s’agit pas de choisir « ceci ou cela » mais plutôt de « quand et lequel ». Quant au « quand-lequel », on peut d’abord faire des recherches qualitatives puis quantitatives - ou inversement - ou utiliser les deux en parallèle lorsqu’elles sont complémentaires.

La recherche qualitative avant la recherche quantitative vous permet de tester la conception des questions, d’apprendre les termes locaux, de piloter l’acceptabilité des sujets, de générer de (nouvelles) hypothèses pour les tests quantitatifs et d’établir des séquences d’événements. Si une recherche quantitative est d’abord effectuée, suivie d’une étude qualitative, cela permet de tester des hypothèses basées sur des corrélations et de comprendre les résultats déroutants de la recherche quantitative. Constanze Pfeiffer a bien résumé comment décider laquelle mettre en premier :


Nous utilisons des approches qualitatives avant les quantitatives / exploratoires quand on sait peu de choses sur le phénomène social étudié. Cela nous aide à mieux comprendre / explorer les concepts et termes locaux liés à ce phénomène. Ces informations sont ensuite très utiles pour la conception des questions de l’enquête. Une approche « explicative » plus quantitative est d’abord utilisée lorsque l’on dispose de suffisamment de documentation sur la terminologie et les concepts locaux. Puis, nous décidons souvent d’utiliser d’abord un plan d’étude quantitatif pour avoir une vue d’ensemble. Une conception qualitative suit alors, pouvant expliquer certaines conclusions surprenantes de l’étude quantitative.




Références (en anglais)

Singal, N., and Jeffery, R. (2008). Qualitative Research Skills Workshop. A Facilitator’s Reference Manual, Cambridge, RECOUP (Research Consortium on Educational Outcomes and Poverty).

Bergman, M. M. (Ed.) (2008). Advances in Mixed Methods Research. Theories and Applications, London, Sage Publications.

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Université de Bâle