ÉTUDES DE CAS ONE HEALTH I

3.8

Carences en vitamines A des éleveurs nomades

Les taux de vitamine A indiquent les liens entre l’environnement, les animaux et les humains. Les animaux sont reliés à l’environnement, par exemple par leur fourrage, et les humains prolongent cette chaîne en consommant des aliments d’origine animale comme le lait.

Une enquête a montré que le lait des vaches paissant dans des pâturages verts avait des taux de β-carotène (le précurseur de la vitamine A) plus élevés et que les consommateurs pastoraux de ce lait présentaient moins de carences en vitamine A que ceux qui buvaient du lait du bétail paissant dans des pâturages moins verts (Zinsstag et al. 2002). Une autre étude a révélé une forte prévalence de carence modérée en rétinol sérique (vitamine A) chez les enfants sédentaires de moins de cinq ans à la fin de la saison des pluies, alors que pendant la même période, elle n’était que de 1 % chez les enfants nomades (Bechir et al. 2012). Compte tenu de la dépendance aux pâturages verts, de la présence de vitamine A dans le lait du bétail et de la saisonnalité, les éleveurs ont montré une forte variation saisonnière des taux de vitamine A dans leur sang (Crump et al. 2017). Le lait, comme source principale de vitamine A pour les pasteurs, est insuffisant. Les carences en rétinol sérique étaient élevées, jusqu’à 32 % pendant la saison froide, chez les éleveurs (Bechir 2012; Crump et al. 2017). La faible consommation de fruits et légumes chez les éleveurs a été observée dans plusieurs études en Afrique occidentale et orientale (Holter 1988), ainsi que chez les ménages de pasteurs plus pauvres en Asie centrale et en Mongolie (Save the children 2013).
Le lien ci-dessus est résumé et illustré par les données de la thèse de maîtrise en sciences de Lisa Crump (Crump 2014).

Le graphique 1 montre les écarts de l’indice de végétation de densité aride à haute pour les pâturages broutés près de la rive du lac Tchad. Haute densité dans ce contexte signifie vert pour les dernières années d’évaluation au cours de la même période. L’indice le plus bas est observé durant la saison froide.

Graphique présentant les écarts de l'indice de végétation

Graphique 1 : Valeurs moyennes de l’indice de végétation par différence normalisée pour les pâturages broutés
© Institut tropical et de santé publique suisse


Le graphique 2 additionne les valeurs moyennes de la vitamine A du lait (composée du précurseur β-carotène et du rétinol). Comme prévu, les valeurs les plus faibles sont de nouveau observées durant la saison froide, puisque le bétail absorbe le β-carotène des aliments verts et le libère dans son lait.

Graphique présentant les écarts de l'indice de végétation et les valeurs moyennes de la vitamine A du lait

Graphique 2 : valeurs moyennes de rétinol dans le lait du bétail
© Institut tropical et de santé publique suisse


Le graphique 3 montre la part des éleveurs qui avaient une consommation quotidienne de lait supérieure à 0,5 litre. Cette consommation est plus élevée durant la saison sèche, lorsqu’ils mettent moins de lait de côté pour produire du beurre ou pour vendre du lait frais sur le marché, et qu’ils préfèrent le consommer lorsque les autres aliments se font rares.

Graphique présentant les écarts de l'indice de végétation et les valeurs moyennes de la vitamine A du lait et de la consommation journalière de lait

Graphique 3 : pourcentage de ceux qui ont consommé plus d’un demi-litre de lait par jour
© Institut tropical et de santé publique suisse


Le graphique 4 montre comment les niveaux de vitamine A chez les éleveurs dépendent de la qualité du lait consommé (exprimée par le taux de vitamine A dans le lait) et de la quantité qu’ils ont consommée. Vous observerez que le résultat auprès des populations peut être relativement prévisible dès lors que vous connaissez leurs coutumes et leur consommation.

Graphique montrant que les taux de vitamines des pasteurs dépendent de la qualité du lait consommé (taux de vitamine A dans le lait) et de la quantité du lait consommé

Graphique 4 : pourcentage d’hommes et de femmes qui ne sont pas carencés en rétinol
© Institut tropical et de santé publique suisse




Références (en anglais)

Zinsstag, J. et al. (2002). Serum Retinol of Chadian Nomadic Pastoralist Women in Relation to their Livestocks’ Milk Retinol and Beta-carotene Content, in: International Journal for Vitamin and Nutrition Research 72(4), 221-228.

Bechir, M. et al. (2012). Retinol Assessment Among Women and Children in Sahelian Mobile Pastoralists, in: EcoHealth 9, 113-121.

Crump, L. et al. (2017). Seasonal dynamics of human retinol status in mobile pastoralists in Chad. Acta Trop. 166, 280–286.

Crump, L. (2014). The Seasonal Dynamics of Human Retinol Status and its Environmental Determinants in Sahelian Mobile Pastoralists. MSc thesis. University of Basel.

Holter, U. (1988). Food Habits of Camel Nomads in the North West Sudan: Food Habits and Foodstuffs, in: Ecology of Food and Nutrition 21, 1-15.

Save the Children (2013). Shifting Livelihoods: Trends of Pastoralist Drop-Out and Rural to Urban Migration in Mongolia.

Lizenz

Université de Bâle