FONDATIONS THÉORIQUES DE ONE HEALTH

1.6

One Health, éthique animale et bienêtre animal

L’optique One Health englobe des réflexions sur le bien-être humain et animal en soi. Les êtres humains ont des droits et cherchent à augmenter leur bien-être ; de même, on pourrait se demander si les animaux ont des droits et si tel est le cas, comment considérons-nous leur bien-être ?

Malgré une attitude globalement protectrice dans la plupart des contextes culturels et des religions, la réalité est épouvantable. Dans le monde entier et à travers diverses communautés culturelles et religieuses, des millions d’animaux sont élevés, transportés et abattus dans des conditions terriblement inhumaines, ce qui appelle de toute urgence un engagement beaucoup plus fort en faveur de la protection et du bien-être animal.

La biodiversité animale contribue à la stabilité des services écosystémiques et l’élevage extensif du bétail maintient la concentration de carbone dans les zones semi-arides. Les pathologies animales menacent la santé humaine et la sécurité alimentaire, par exemple par la transmission de zoonoses ou par la perte de la capacité animale pour le labour. De vastes parties du monde ne pourraient pas être peuplées sans l’utilisation modérée du bétail. C’est pourquoi nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les liens, les interrelations et interdépendances étroites entre santé humaine et animale sans envisager en parallèle le maintien de services écosystémiques stables, certains étant gravement menacés par les méthodes d’élevage du bétail et/ou par des activités humaines d’exploitation excessive.

Peter Rabinowitz, médecin du travail de l’Université de Yale, propose que les gens changent leur point de vue par rapport aux animaux en remplaçant la formule ‘nous contre eux’ par ‘risque partagé’ entre les êtres humains et les animaux (Rabinowitz et al., 2008; Rabinowitz et Conti 2010). À titre d’exemple, on peut prendre le taux élevé de cancer du béluga dans le fjord du Saguenay au Canada. Les bélugas sont continuellement exposés aux eaux usées industrielles. L’incidence de cancer chez le béluga est devenue un indicateur de qualité de l’environnement. Ainsi, les êtres humains ont tout intérêt à préserver la qualité l’environnementale à un niveau ne nuisant ni aux baleines, ni à la santé humaine.

Dans une perspective One Health intégrée, de conservation biologique et/ou dans une optique écosystémique, les animaux devraient être grandement valorisés et traités dans le cadre d’un effort global visant à maintenir et à préserver l’intégrité des écosystèmes et, donc, le bien-être général. Cela comprend l’élevage et la traction animale, le transport des animaux, les pratiques d’abattage et la conservation de la faune sauvage (voir Wettlaufer et al. 2015; Cumming et Cumming 2015; Cumming et al. 2015).

Les éleveurs devraient recevoir une formation continue sur les meilleures pratiques en matière de bien-être animal dans leurs exploitations. Les méthodes d’abattage devraient tendre à réduire le stress pendant la manipulation des animaux. Dans le cadre de la croissance économique, la consommation de viande a particulièrement augmenté au cours des dernières décennies. L’élevage joue un rôle important, en particulier au niveau des moyens de subsistance de centaines de millions de petits agriculteurs, y compris au niveau du labour et du transport. Il y a de plus en plus de recherches sur le bétail, les animaux de compagnie et la faune sauvage dans les pays en développement. Cependant, il existe un manque presque total de législation sur l’expérimentation animale. Il faut veiller à ce que l’expérimentation animale ne soit pas exportée en dehors des pays industrialisés pour échapper à une réglementation stricte.




Autres suggestions de lecture (en anglais)

Continuez votre lecture en anglais, visitez le site web global animal law si vous aimeriez savoir plus sur les droits des animaux.

Wettlaufer, L. et al. (2015). The Human-Animal Relationship in the Law, in: Zinsstag, J. et al. One Health. The Theory and Practice of Integrated Health Approaches, Wallingford, CABI, 26-37.


Références (en anglais)

Rabinowitz, P. M. and Conti, L. A. (2010). Human - Animal Medicine. Clinical Approaches to Zoonoses, Toxicants and Other Shared Health Risks, Maryland Heights, Saunders/Elsevier.

Rabinowitz, P. M. et al. (2008). From ‘Us vs. Them’ to ‘Shared Risk’: Can Animals Help Link Environmental Factors to Human Health?, in: EcoHealth 5(2), 224-229.

Wettlaufer, L. et al. (2015). The Human-Animal Relationship in the Law, in: Zinsstag, J. et al., One Health. The Theory and Practice of Integrated Health Approaches, Wallingford, CABI, 26-37.

Cumming, D. H. M. and Cumming, G. S. (2015). One Health: an Ecological and Conservation Perspective, in: Zinsstag, J. et al. One Health. The Theory and Practice of Integrated Health approaches, Wallingford, CABI, 38-51.

Cumming, D. H. M. et al. (2015). Beyond Fences: Wildlife, Livestock and Land Use in Southern Africa, in: Zinsstag, J. et al. One Health. The Theory and Practice of Integrated Health Approaches, Wallingford, CABI, 243-257.

Cet article est un extrait de Zinsstag, J. et al. (2015). Theoretical Issues of One Health, in: Zinsstag, J. et al. One Health. The Theory and Practice of Integrated Health Approaches, Wallingford, CABI, 16-25.

Lizenz

Université de Bâle